ELLE DIT : ON VA FAIRE DE LA POLESIE

Elle est entrée dans la classe cachée derrière son tabalier à carreaux bleus, moi je connais le bleu, c’est la couleur de ma maman quand elle me regarde, c’est bleu et parfois cela devient gris. Elle a dit: Aujourd’hui c’est POLESIE.

Les chansons je connais, les jeux aussi, le tradéridéra et tout ça, la polésie c’est comme les livres accrochés à la bibliothèque du grand père, des textes qu’on lit quand la télé est éteinte, le soir comme si qu’il y avait le coin du feu, même qu’on comprend pas tout mais qu’à écouter c’est trop joli. Elle nous a parlé d’une histoire de Plume d’un certain Henri Mi-chaux, sa polésie ne rimait pas mais chantait tout de même : »Ils tenaient seulement à le tirer par les cheveux. Ils ne voulaient pas lui faire de mal? Ils lui ont arraché la tête d’un coup? Sûrement elle tenait mal. Ca ne vient pas comme ça. Sûrement il lui manquait quelque chose. Quand elle n’est plus sur les épaules, elle embarrasse… »Et elle continuait ainsi au sujet de ce qu’il fallait faire avec la tête. J’ai eu un doute au sujet du côté polétique de l’histoire, l’arrachage de la tête allait salir son tabalier et je ne me sentais pas prête à raconter cette histoire au grand père, quand elle conclut : »On essaiera de ne plus songer à rien de tout ça, à vivre comme avant, comme tout le monde. »
J’ai compris du haut de mes cinq ans que la polésie c’est n’importe quoi mais c’est pour nous tous, même les assassins et les maicresses en tabalier à carreaux, oublieuses de l’enfance.

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