T’as rien entendu quand j’ai passé not’petit par le vide ordures

La lutte des classes se situe souvent entre l’évier et le vide ordure, quand le maître est le géniteur, le choix de donner vie renverse la vapeur.

 

T’as rien su, rien entendu, quand j’ai passé notre petit par le trou du vide ordures. T’as peut-être cru que je jetais la bouteille que je venais de vider ou la tienne.
T’as rien cru tellement tu étais absent de ce monde à ce moment là.
Ton état n’a rien perçu de mes douleurs, accroupie dans la cuisine, le bébé vidé sur le carrelage comme une déjection, le tout ramassé à la va vite entre deux serviettes et un sac poubelle.

T’as rien entendu, rien vu, rien su, absent depuis de longs mois, inattentif, déjà mort.

Pourquoi devrais-je perpétrer ton existence en la personne d’un petit qui n’a pas demandé à vivre auprès d’êtres qui n’en sont pas ? Sa chance est dans une autre incarnation, nous sommes nocifs aux autres et à nous mêmes.

Si les flics sonnent à la porte, je ferai l’idiote, tout le quartier peut confirmer que je le suis et toi asocial, inadapté et impuissant. Ils nous laisseront tranquilles pour le moment. Mais faut pas que cela recommence, alors je mets les bouts, j’ai préparé le café au cas où tu émerges de ta torpeur, rangé le linge, vidé la poubelle, je me suis lavée bien à fond pour ne rien garder de toi, même pas ton odeur et je pars vers le soleil.

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