LES CHATS SANS QUEUE DE BANGKOK

En hommage à Hervé qui s’y trouve et à moi qui y fut en
handicap avéré. Un chat sans queue ne peut plus battre la mesure
ni sauter très haut.

On m’avait conseillé de voguer sur le Chao Phraya : »C’est beau
comme Venise, Bénarès, Bruges !!? » C’est trop moche. Nous
sommes en novembre, des pompes rejettent vers le canal des trombes
d’eau sale. Je songe à l’état du lieu en période de mousson.
J’embarque sur un frêle esquif longiligne peu stable dont le moteur
au bout d’une longue perche brasse le liquide glauque à l’horizontal.
Nous avançons bruyamment, le fleuve canalisé est trop large, les
berges sont trop laides, trop encombrées de cabanes en tôle,
d’immeubles trop décrépis, les tours récentes trop hautes
n’encombrent même pas l’horizon trop gris. Une barque nous frôle,
des boissons à vendre, refus, trop lourde l’insistance. Le pilote reste
muet, à l’arrivée il indique du doigt un immense escalier blanchâtre
face au quai d’abordage. En bon croyant, il est fier de ce temple
hindou mâtiné de bouddhisme, le Wat Arun tout couvert de trop de
fragments de porcelaine. Je n’ai pas pu escalader ses marches trop
étroites, mais ai rencontré, au sol, de gentils chats à la queue coupée
trop court, génétique ou sacrifice au temple ? Les chats siamois
comme les bateliers thaïs n’expliquent pas, ils survivent. Tous trop
aimables.

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